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DE Cir.VMl'OllT. I 17

de choisir un héros dont le sort puisse nous atten- drir et nous toucher. Pour cela , il ne faut pas choisir un homme vicieux et scélérat tout-à-fait ; ses prospérités nous causeraient de l'indignation , et ses malheurs n'exciteraient en nous aucune compassion. Il faut donc le choisir hon, ayant de la vertu , mais sujet aux faiblesses attachées à la nature humaine , et soumis au pouvoir et à la tyrannie des passions , comme les autres hommes. Il faut qu'il ne mérite pas d'être aussi malheureux qu'il l'est , ou que ses malheurs soient la punitioîi de ses fautes passées. S'il tombe dans quelques grands crimes, il faut que ce soit involontairement, qu'il y soit poussé par la violence de sa passion ou par la force des mauvais conseils , et que nous puissions le plaindre, quoique coupable.

Secondement , c'est de lui faire éprouver ces grands combats qui déchirent le cœur en le balan- çant entre deux intérêts opposés , et dont le sacrilice lui est également coûteux. Rien de si attachant pour le spectateur , que ces sortes de situations ; il se met à la place du héros et éprouve les mêmes déchiremens. C'est de le jeter dans de grands périls qui nous fassent trembler oour lui. Voilà ce qui alarme , ce qui attache : ce n'est pas le meurtre qui touche , c'est l'intérêt qu'on prend au malheureux qui le commet , ou à celui qui en est l'objet , et quelquefois à tous les deux ensemble.

Troisièmement , c'est de tenir le hl du dénoù-

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