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62 OEUVRES

se prêter aux goûts de la jeunesse française. Il y avait, dans Marcliiennes qu'il assiégeait, une Ita- lienne d'un beauté rare et célèbre. Le maréchal jugea cette conquête digne d'exciter Témulation des assiégeans , et de doubler le zèle de ses aides- de-camp et des jeunes colonels pour le service : c'est en effet à quoi il réussit. Cette idée du maré- chal de Yillars pouvait effaroucher la dévotion d'une vieille cour où l'on se faisait une peine d'em- ployer Catinat, parce qu'il oubliait quelquefois la messe ; mais Villars courut le risque de dé- plaire : le salut de l'état passe avant tout. Au sur- plus , Marcliiennes fut prise sans qu'il arrivât d'accident à la belle Italienne qui s'était sauvée la veille. Ce fut un grand chagrin chez les vain- queurs. On connaît tous les succès de cette cam- pagne qui sauva l'état ; mais il est remarquable que la cour fut quelque temps sans en vouloir sentir l'importance : tous les récits qui venaient de l'armée s'appelaient des forfanteries de Yillars. C'est ce dont le duc de Fronsac fut témoin ; car ce fut lui qui fut chargé de porter ces agréables nouvelles à Fontainebleau : c'était reparaître à la cour d'une manière brillante. Depuis sa sortie de la Bastille, il n'avait point été admis à voir le roi et à le remercier suivant l'usage ; il se mon- trait devant lui , après avoir réparé cjuelques fautes de jeunesse par inie belle conduite à l'ar- mée . blessé et le bras en écharpe. • Il retourna ensuite à l'armée; il raconte la suite

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