Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/455

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hommes qui n’étaient ni instruits, ni équitables.



QU’EST-CE QUE LA PHILOSOPHIE ?


Hatimthai se dit un jour : « Je veux être heureux ; l’esprit et la vertu procurent seuls des plaisirs purs et durables. »

Il ouvrit son salon aux hommes de lettres ; il nourrit tous les pauvres à sa porte ; on voyait chaque jour la nombreuse population, qui n’a pas le nécessaire parce que d’autres ont le superflu, se presser, aux heures des repas, sur le seuil de son palais ; et chaque jour il avait à sa table les hommes d’esprit les plus distingués de l’empire. Outre les festins qu’ils y trouvaient avec plaisir, ils recevaient de lui des présens à chaque ouvrage qu’ils lui dédiaient, et presque à chaque lecture qu’ils faisaient devant ses sociétés habituelles.

Cependant, en un moment de réflexion, il remarqua que Saphar ne s’était jamais présenté chez lui : Saphar, qui a écrit la Chronique de l’empire, qui a publié le plus savant ouvrage de métaphysique, et qui a dédié aux dames son poëme du Jardin des roses. Cet homme universel vit solitaire ; la promenade au fond des forêts est son seul délassement ; et il a soin de se cacher dans