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comprendre que l'on pouvait tout dire successi- vement , en se niettant à la portée de tous. C'est ce qu'il fit pendant soixante ans, en gagnant tou- jours du terrein , et ce qu'il serait trop long de détailler ici : cet examen trouvera sa j^Iace ail- leurs. J'observerai seulement une contradiction bien frappante dans M. Souiavie . Dix lignes plus bas , il dit que Voltaire était goûté de la inul- tiiLide. Concevez , s'il est possible , coiimient un écrivain étranger à son siècle est goûté de la mul- titude.
« La cour de France semblait voir de loin ia puissance des écrits de ces deux personnages. (Voltaire et Rousseau ) ».
Cela n'est vrai , tout au plus, que de Voltaire , que la cour , en général, a toujours craint et haï, même dans le temps où il y fut appelé et honoré, par la faveur passagère que lui accorda madame de Pompadour. Je dis tout au plus , car on cal- culait moins la puissance de ses écrits qu'on n'é- tait blessé de son indépendance, des saillies qu'il se permettait , de sa supériorité qui éclipsait tout, même dans la société , de sa fortune même qui le mettait au-dessus de l'espèce d'asservissement où le besoin des grâces réduisait la plupart des gens de lettres. A l'égard de l'influence (pi il exer- çait sttr lopinion , et des conséquevjces qu'elle pouvait avoir un jour , la cour n'en savait pas assez pour voir si loin ; on n'était guère happé que de la hardiesse du moment , du danger de
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