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laviea saisi du nivoiiis une idée juste, mais qui avait déjà été indiquée plus d'une fois, que le premier avait servi à détruire , et le second à édifier. Cela est vrai ; mais en s'appropriant une vérité, il n'en sait pas assez pour l'embrasser et la développer tout entière; et dès qu'il l'essaie, il toml>e dans des contradictions et des méprises continuelles. Il avoue, par exemple, que Yoîtaire ?i renversé^ dans ses ouvrages , le respect pour les rois , les mi- nistres , les grands , le clergé et les parlemens ; et il ajoute tout de suite : « Rousseau a dé- truit de même le passé , mais il est plus heureux dans ses principes de réédification, w Non , Rous- seau n'a pas détruit de même le passée ce que Vol- taire a le plus complètement détruit , c'est la croyance sur la parole des prêtres; et il l'a détruite à force de les montrer sous toutes les formes , odieux ou ridicules , et en tournant en dérision de toutes les manières les objets de la croyance. Or , la crédulité religieuse était le plus formidable appui du despotisme , puisqu'elle consacrait éga- lement les rois et les prêtres , et que ceux-ci, par- lant au nom de Dieu, assuraient au peuple que les rois étaient institués par Dieu^ et n'avaient à rendre compte qu'à Dieu. Le sacerdoce était donc le premier rempart du pouvoir absolu; et Voltaire l'a renversé. Sans ce premiei- j)as décisif et indis- pensable , on ne faisait rien. Rousseau, au con- traire, en attaquant l'inlolérance ecclésiastique, a défendu de toute sa force le fond de la cr03'ance;

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