DE CHAMFORT. 38y
détail des causes cachées qui ont fait pousser tant de clameurs contre les Confessions de Jean-Jacques au moment où elles parurent , et il révèle le se- cret de plusieurs amours-propres. Développant ensuite le caractère de Piousseau d'après lui- même , il rapproche les contrastes dont il était composé ; il explique avec finesse , ou excuse avec l'indulgence qu'on doit aux passions , mères du génie, plusieurs fautes de son jeune âge, que lui reprochent avec amertume des hommes qui , élevés dans le sein d'une aisance heureuse , n'ont été mis à aucune des épreuves réservées à Rous- seau.
Au reste , M. Ginguené insiste sur la différence de deux époques en effet très-distinctes , dans la vie de Jean-Jacques , dont la seconde est celle qu'il appelle lui-même celle de sa grande réforme ; et c'est celle qui est la plus intéressante, par l'essor de ses talens et par le développement de son génie. C'est ici c[ue la tâche de l'apologiste devient plus facile. Les torts qu'on reproche à Rousseau sont liés à l'histoire littéraire de cette époque , encore présente au souvenir d'un grand nombre de con- temporains. Dans cette partie embarrassante et difficile de son ouvrage , M. Ginguené sait allier au vif intérêt qu'il prend à la mémoire de Jean- Jacques , l'admiration ou l'estime due aux talens de ses adversaires ; et dans une cause qu'il affec- tionne vivement , il montre la plus exacte im- partialité. Appuyé de faits , de dates , de preuves
�� �