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notre avarice. Il achève ici de détruire les so- phismes par lesquels la politiqiie européenne s'ef- force de justifier , et surtout de perpétuer son crime. Il développe tous les avantages du travail libre sur le travail esclave , et le prouve par les faits et par le raisonnement. On s'obstinait à*n'ac- corder aux noirs qu'une intelligence médiocre et bornée. M. Brissot cite les noms des nègres libres, qui , en Amérique , exercent avec succès des pro- fessions qui exigent toute l'activité de la pensée : un noir entre autres , qui faisait^ de tète et sur- le-champ , des calculs prodigieux. Si l'on n'a vu de ces exemples que dans l'Amérique septentrio- nale, c'est que là seulement les nègres sont trai- tés avec une indulgence inconnue dans les îles. Tout s'y prépare par degrés à leur affranchisse- ment général , déjà effectué dans plusieurs des Etats-Unis, dans la majorité de neuf sur treize. Déjà la culture du tabac , dans le Miiryîand et la Virginie , commence à baisser sensiblement. Celle du blé la remplace , et finira par amener l'abolition de la traite , déjà désirée par les ci- toyens les plus distingués. D'autres causes con- courent encore à- la hâter ;. mais la plus puissante de toutes , c'est la découverte d'un sucre qui , avec le temps , peut remplacer celui de la canne. Cet arbre précieux qui , pour les noirs , sera l'arbre de la vie , et qui plus est de la liberté , c'est l'érable : il croît naturellement , se propage avec la plus grande facilité , et couvre l'Amérique,

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