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berté. On y rend justice à Franklin, comme homme de lettres et comme physicien. Mais on déplore le malheur qn il eut de souiller sa gloire, en se jetant dans la carrière politique où il développa, dit-on , un grand machiavélisme. Les noms de boute-feu , d incendiaire ne lui sont point épar- gnés , non plus que les épithètes de pervers et de perfide. Cette colère des petits •fripons diplo- matiques d'Europe contre un grand homme , contre un des auteurs de la liberté américaine, est tout-à-fait amusante. IN'imaginant pas qu'en poli- tique on puisse dire la vérité , et n'ayant pas voulu la croire, lorsque Franklin la leur dit, avec une franchise héroïque, à la barre du parlement d'An- gleteire, ils ne regardent leur propre incrédulité que comme un piège qu'il leur avait tendu. Ce n'est à leurs yeux qu'une ruse nouvelle dont ils se reprochent d'avoir été dupes ; et ne pouvant nier qu'on leur avait parlé vrai, ils s'imaginent qu'on leur avait parlé vrai pour les tromperet pour n'être pas cru; semblables à ce général qui, averti par son adversaire de tout ce que celui-ci proje- tait d'exécuter dans la campagne prochaine , ne prit que de médiocres précautions contre des pro- jets annoncés , portant ailleurs une partie de son attention et de ses forces , ce qui fit dire à son adversaire vainqueur: « Je n'y conçois rien, je lui avais tout tlit. »

La plus grande partie des rcjn-ochcs faits à Fraidvhn dans l'ouvrage de l'écrivain anglais ,

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