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DE CHAMFOTIT. I^rj

voulait faire jouià' le public d'un ouvrage utile , et jouir lui-même de sa gloire, sans compromettre sa tranquillité. Duclos, s'étant déterminé à ne point imprimer ses Mémoires de so% vivant, ne se crut pas obligé à couvrir d'un voile, encore moins à i^endre respectables les faiblesses cVun grand roi. Il le montre tel qu'il est, jouet de ses ministres et de ceux qui l'approchaient, aveuglé par sa seconde femme, esclave de son confesseur, croyant vouloir et recevant d'aulrui sa volonté , couvrant le royaume de ses espions, et ignorant des faits publics et connus de tout le monde.

On s'afflige, on gémit sur le sort des hommes, sur la fatalité qui préside aux choses humaines, lorsqu'on jette les yeux sur les trois portions du tableau que Duclos présente dans le premier li- vre de son ouvrage : la cour de France , celle d'Espagne, celle de Rome.

En France, un vieux roi, accablé des malheurs d'une guerre, effet d'une ambition dont il devait prévoir les suites ; idolâtré de sa cour , et haï de son peuple; élevé au rang des saints parmi les monumens de ses adultères ; se croyant un Théo- dose , quand on versait pour la foi le sang de ses sujets, et rendant son âme à Dieu avec la con- fiance d'un parfait chrétien , sur la parole d'un prêtre barbare.

En Espagne, son petit-fils, prince faible et dévot, avec du courage et du bon sens, renfermé dans son palais entre un prie-dieu , sa femme et

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