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jetait dans cette scène la révélation du mystère. Il apprend à madame Renaud , trop humiliée , que son amie a des raisons d'être indulgente ; qu'une nuit partagée entre deux rivales honnêtes ne saurait les brouiller ni entr 'elles , ni avec leur amant. Madame Renaud reste confondue, en apprenant l'emploi des deux premières heures données à sa voisine. Celle-ci ne peut concevoir l'étrange mortel dans les mains 4e qui elle est tombée. La douleur de l'amour outragé, le dépit de l'orgueil humilié devant une rivale étonnée et indigne de l'être, le bouleversement de toutes les idées, le mélange de toutes les passions, tout cela formait un tableau ravissant pour un homme tel que le duc de Fronsac. Cependant cette scène avait encore besoin d'être égayée; et c'est pour cela qu'il propose aux deux rivales de vivre de bon accord, de former entre trois cœurs unis une société vraiment douce et charmante; et là-dessus, nombre d'exemples pris dans la société, tirés de l'histoire tant profane que sacrée. Cette proposi- tion, qui ne paraissait pas effrayer infiniment madame R^enaud, confondait et accablait madame Michelin; mais enfin il parvint àl'appaiser, à la consoler; et, resté seul avec elle, il obtint encore son pardon.
Ce n'est pas tout : toujours séduite , toujours entraînée , elle consent d'accepter un déjeuner chez le duc de Fronsac. Cette fois , elle croit bien être seule et n'avoir pas de rivale à craindre. Mais
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