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2.38 ŒUVRES

giés; cela console. Revenons au véritable talent de M. de Riciielieu, celui de séduire les femmes. Nous n'avons pas oublié notre promesse sur l'a- venture de madame ]\iichelin.

C'était une jeune femme d'une beauté rare, du maintien le plus modeste et le plus toucliant, pleine d'honnêteté, de religion, et jusqu'alors très-attacliée à ses devoirs. Par malheur, ses de- voirs n'étaient pas tous également agréables : son mari était vieux, un bonhomme occupé de son commerce; c'était un miroitier du faubourg Saint-Antoine. Leduc de Fronsac( c'était alors son nom) la vit et en devint amoureux. Il se dé- guise, se présente chez le marchand comme pour acheter des meubles, cherche à plaire à sa fennne, ne peut s'en faire écouter, s'aperçoit pourtant qu'il plaît, et qu'il ne trouve d'obstacles à sa pas- sion que dans l'honnêteté de celle cpii en est l'objet. Il se résout à employer la ruse et la vio- lence ; mais il manquait d'argent : son père vi- vait. Que fait le jeune duc? il va chez une femme de la cour, dont il est amoureux et aimé, et lui emprunte l'argent dont il a besoin pour la trom- per elle-même. Il s'était déjà fait meubler un appartement par le bouhonunc Michelin, qui n'était point surpris qu'un jeune homme eût im asile à offrir à ses maîtresses. Mais il s'agissait de conduire dans cet asile la femme du bonhomme. Qu'elle y vint de son gré, c'est ce qui était im- possible : comment l'y conduire? Il suppose qu'une

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