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ment rue Coupe-Gorge, où il rassembla des théolo- giens qui prirent d'abord le titre de pauvres maî- tres. Ils V substituèrent bientôt celui de sabres mai- très, préférant, comme de raison, la sagesse à la pauvreté. En peu de temps , cette sagesse de tous valut à plusieurs de magnifiques surnoms; comme ceux d'Angélique , de Séraphique , d'Invincible , d'Incomparable. L'Université les reçut dans son sein; et ce n'était pas un petit avantage. Le chef d'un corps qui avait sous ses ordres trente milieécoliers et qui de plus exerçait, fiit-il laïque, le droit d'ex- communier, comme le pape et révèquedeParis;un tel allié, si puissant et si redoutable, n'était pas à dédaigner, et pouvait appuyer les décrets des sages maîtres. Aussi, dès l'année i33o, se trouvè- rent-ils en état de condamner un souverain pon- tife. Le pape avait eu le malheur de prêcher que la vision des élus et les supplices des méchans dans l'autre monde n'étaient qu'imparfaits. Des supplices imparfaits ! voilà de quoi mettre en co- lère des théologiens du quatorzième siècle, grands amis de la perfection des supplices.

Le scandale fut au comble parmi les maîtres en divinité. C'est un autre nom qu'ils se donnaient, pour varier. Ce dernier titre faisait merveille pour le peuple, et annonçait qu'ils en savaient sur dieu tout autant que le pape. C'était le célèbre Jean xxii, alors dans la plus extrême vieillesse. li n'ignorait pas ce que peuvent les haines théolo- giques, dont il avait pensé être la victime. II dé- ni. 1 3

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