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son bâtiment anglais. Il ne s'agissait que de se faire accompagner de deux brûlots, qu'on eût aisément fait passerpour des bâtimensprissur les Français ; il offre de commander un de ces deux brûlots, tandis que son capitaine commandera l'autre. Ce projet fut agréé par M. de Sartine, sans préjudice de l'entreprise sur Plimouth. On prit des mesures pour le succès de l'un et de l'autre. Qu'arri\a-t-il? tout avorta sans qu'il y eût de la faute, ni du mi- nistre, ni de M. de Parades. Les hasards de la guerre et de la mer , la foiblesse de M. d'Orvilliers qui ■> malgré ses talens , était mal obéi , l'iusubordina- tion des officiers de tout grade , la jalousie de quelques-uns contre un olïicier de terre , à peine âgé de vingt-six ans , la mauvaise foi , les faux rapports qu'on se permit pour démentir ceux de M. de Parades et faire rejeter ses conseils et ses pro- messes; voilà ce qui déconcerta ses projets et lui fit perdre, comme au gouvernement , le fruit de tant de soins , de peines et de dépenses.

Telle était cependant Finébranlable fermeté dt- cet homme singulier , qu'ayant perdu toute espé- rance d'exécuter , avec l'aveu du ministre , son entreprise sur Plimouth , il offrit de la tenter à ses risques et fortunes. 11 rassembla tous ses moyens de crédit ; et assuré de quatre millions , il proposa au ministère de payer au roi trois millions comptant , s'il voulait lui confier un vais- seau de soixante-quatre , une frégate, deux bâti- mens de transport et deux mille hommes de

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