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72 ŒUVRES

le théatin Boyer, il écrivit contre lui-même une lettre anonyme pleine de calomnies absurdes et faciles à convaincre d’absurdité. Il l’adressa à l’évêque de Narbonne ; il entra ensuite en explication avec lui, et fit voir l’atrocité de ses ennemis prétendus. Arrivèrent ensuite les lettres anonymes écrites en effet par eux, et contenant des inculpations réelles : ces lettres furent méprisées. Le résultat des premières avait mené le théatin à l’incrédulité sur les secondes.

— Louis XV se fit peindre par La Tour. Le peintre, tout en travaillant, causait avec le roi, qui paraissait le trouver bon. La Tour, encouragé et naturellement indiscret, poussa la témérité jusqu’à lui dire : « Au fait, sire, vous n’avez point de marine. » Le roi répondit sèchement : «  Que dites-vous là ? Et Vernet, donc ? »

—, On dit à la duchesse de Chaulnes, mourante et séparée de son mari : « Les sacremens sont là. — Un petit moment. — M. le duc de Chaulnes voudrait vous revoir. — Est-il là ? — Oui. — Qu’il attende : il entrera avec les sacremens. »

— Je me promenais un jour avec un de mes amis, qui fut salué par un homme d’assez mauvaise mine. Je lui demandai ce que c’était que cet homme : il me répondit que c’était un homme qui faisait, pour sa patrie, ce que Brutus n’aurait pas fait pour la sienne. Je le priai de mettre cette grande idée à mon niveau. J’appris que son homme était un espion de police.