Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée

or. cil \ M il)!; I. ;’>9

maître? — Savez-vous, lui dit le Genevois, que je suis le représentant de mes égaux ? »

— La comtesse d’Egmont, ayant trouvé un homme du premier mérite à mettre à la tète de l’éducation de M. de (liinon, son neveu, n’osa pas le présenter en son nom. Elle était pour M. de Fronsac, son frère, un personnage trop grave. Elle pria le poète Bernard de passer chez elle. Il y alla ; elle le mit au fait. Bernard lui dit : « Ma- dame, l’auteur de \Jrt cVaimer n’est pas un per- sonnage bien imposant ; mais je le suis encore un peu trop pour cette occasion : je pourrais vous dire que mademoiselle Arnould serait un passe- port beaucoup meilleur auprès de monsieur votre

frère — Eh bien ! dit madame d’Egmont en

riant, arrangez le soupe chez mademoiselle Ar- nould. » Le soupe s’arrangea. Bernard y proposa l’abbé Lapdant pour précepteur : il fut agréé. C’est celui qui a depuis achevé l’éducation du duc d’Enghien.

— Un philosophe, à qui l’on reprochait son ex- trême amour pour la retraite, répondit : « Dans le monde, tout tend à me faire descendre; dans la solitude, tout tend à me faire monter. »

— M. de B. est un de ces sots qui regardent, de bonne foi, l’échelle des conditions comme celle du mérite; qui, le plus naïvement du monde, ne conçoit pas qu’un honnête homme non décoré ou au-dessous de lui soit plus estimé que lui. Le rencontre-t-il dans une de ces maisons où l’on sait