Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux flammes, et toute la ville pendant six jours, entièrement abandonnée au pillage.

Ce souvenir funeste remplit encore d’effroi les habitans de Naples, dont les pères furent témoins de cette horrible catastrophe ; il n’y eut peut-être jamais d’exemple plus frappant de la fureur d’un peuple révolté, mais en même temps de son inconstance et de sa légèreté. Mazaniello ne pouvant soutenir le poids de la puissance et de l’autorité sans bornes à laquelle il avait été élevé, et se croyant tout permis, se porta à des actions si extravagantes et si cruelles, qu’il devint en horreur à ce même peuple qui la veille venait de le regarder comme son dieu tutélaire. Il fut lui-même massacré ; on porta sa tête en triomphe au bout d’une pique, et son corps fut traîné avec ignominie.

À peine la tranquillité commençait-elle à renaître dans Naples, que le duc de Guise vint encore la troubler ; mais sa tentative sur cette ville est l’exploit d’un aventurier magnanime qui, cherchant à rappeler les souvenirs des prétentions de ses ancêtres sur une souveraineté, court à la gloire plutôt qu’au succès dans une entreprise audacieuse, et entend presqu’au moment de sa retraite, les instigateurs de son projet, heureux d’échapper au châtiment, remercier le ciel par des Te Deum de la fuite du prince qu’ils avaient nommé le protecteur de la liberté.

La protection donnée par Louis xiv aux Mes-