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montrant de près aux Napolitains leur nouveau maître, diminua leur admiration, et prouva qu’un prince peut remplir l’Europe de sa renom- mée, sans que sa personne mérite aux yeux de ses sujets les respects prodigués à son nom.

Oùl’intérét et l’action cessent, l’histoire devrait s’arrêter. Mais nous devons un coup-d’œil aux principaux, événemens dont Naples ou la Sicile furent les théâtres sous les vice-rois espagnols, ou dans les révolutions qui leur donnèrent de nouveaux souverains. Devenues provinces d’Es- pagne, malheureuses obscurément, l’ambition fastueuse de Charles-Quint les traita comme un pays de conquête.

La tyrannie sombre et tranquille de Philippe ii pesa sur elles plus encore que sur le reste de ses sujets. Sous ses successeurs, Philippe m et Phi- lippe IV, l’Espagne, accoutumée à se croire puis- sante, et cherchant à prolonger sa méprise, sans cesse affamée d’hommes et d’argent, leur demanda ce que lui refusaient tant d’autres provinces épui- sées. Un vice-roi osait-il, dans les temps de cala- mités, faire des représentations à la cour de Madrid ? c’était demander son rappel. De cette oppression naquirent des tumultes populaires ou des conspirations réfléchies.

Le joug espagnol devint si odieux, qu’on vit à cette époque Naples sans cesse déchirée par des factions, n’offrir, pendant un long espace, que des scènes d’horreur.