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DK CHAMFORT. 431

Ce désastre fut bientôt suivi de la mort d’Al- phonse, monarque vraiment digne de Tètre, à la mémoire duquel on ne peut reprocher que quel- ques faiblesses, entre autres celle qu’il eut pour Ferdinand, son fils naturel. Il l’avait nommé son successeur, et avait obtenu pour lui une bulle d’investiture, peu de temps avant sa mort, lais- sant à son frère don Juan, déjà roi de Navarre, l’Aragon et la Sicile. Ce fut une faute qui fit après lui le malheur du royaume de Naples, que don Juan aurait pu protéger de toute la puissance ara- gonaise et sicilienne ; c’était le seul moyen d’en imposer à l’ambition des papes. En effet, Ca- lixte III, qui, après la mort de Nicolas v, avait repris l’ancien système pontifical, et qui avait déjà inquiété les dernières années d’Alphonse, pré- parait de nouvelles traverses à Ferdinand, pos- sesseur d’un seul royaume abandonné à lui-même. Dès-lors, la branche napolitaine d’Aragon devint l’objet de la jalousie des pontifes, encouragés par l’espérance d’en consommer la ruine. Calixte rap- pelle en Italie René et Jean d’Anjou; il fomente, il irrite les troubles intérieurs du royaume, et pousse l’emportement jusqu’à soulever contre Fer- dinand la puissance ottomane.

Le roi de Naples allait succomber sous tant d’ennemis, lorsque le fameux Scanderberg, se rappellant les grands services qu’il avait reçus du père de ce prince, vola à son secours, et le déli- vra de tant de puissances liguées pour la ruine