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cilo, devenait encore possesseur de Napîes : deux fois il avait été adopté par Jeanne; mais le fruit de cette double adoption lui était ravi par les droits que le pape et le testament de la reine avaient donné à René d’Anjou. Les armes à la main, il veut annuler le choix de la reine, son tes- tament et Tinvestiture ’u pontife en faveur de la maison d’Anjou; et en souv rain habile, il légi- tima les droits de la force par le sceau de l’auto- rité pontificale, toujours imposante en Italie. Il fit demander en même temps l’investiture de Na- pîes à Eugène de Rome et à Félix d’Avignon, promettant de reconnaître pour pape le premier qui le reconnaîtrait pour roi. Félix se trouvait lié aux intérêts d’Anjou, et attendait tout de la France ; ce fat donc Eugène qui, profitant des offres d’Al- phonse, ratifia par une bulle les premières adop- tions et sa dernière conquête.

La Sicile gouvernée par des vice-rois, sous un prince assez pui-sant pour maintenir la paix, as- sez éclairé pour protéger les arts, jouissait depuis quelques années d’une heureuse tranquillité et d’une situation florissante. Naples partagea bientôt la même félicité, et dut aux soins du monarque, qui préférait le séjour de ceite ville, plusieurs de ses embellissemens. Naples et la Sicile respi- rèrent donc sous un prince ami de ses peuples, des lois et des lettres, refuge et protecteur des sa- vans qui s’exilaient en foule de Constantinople, et dont il sauva même quelques-uns des bûchers II. 29