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plus fortes le tableau des désastres de la Sicile, qui la montrent réduite à l’état le plus affreux, décluie non seulement de son ancienne splendeur, mais même de la situation déplorable où l’avaient mise les cruautés d’Henri vi, regrettant le joug barbare de ses anciens maîtres ., Grecs, Sarrasins, Normands, Allemands, dont les vexations n’a- vaient pu la porter à de telles extrémités ; ces mêmes historiens semblent chercher une cause étrangère à cette horrible vengeance : cette ven- geance est inouie sans doute, et rien de cruel n’est juste. Mais qui n’en voit la seule et véri- table cause dans les excès atroces commis jour- nellement par les Français? Comment ne pas la voir dans leur tyrannie publique qui réunit et ligua contre eux les grands de l’état, appuyés en- suite par des souverains étrangers, et dans leur tyrannie particulière et domestique, qui mit la rage dans le cœur des peuples ? Le coupable ne devient-il pas l’accusateur de la nation, tandis qu’un autre Français sauvé, protégé même par les meurtriers, semble expliquer du moins, s’il ne l’excuse en quelque sorte, la fureur des Sici- liens ? Il existe un homme juste, Guillaume de Porcelet, Français d’origine, et gouverneur de l’isle de Caiafatimi ; cet homme est seul excepté du massacre général ; on le respecte et on s’em- presse à lui fournir un bâtiment pour le recon- duire dans sa patrie. Ce décret tacite et unanime de tout un peuple qui, révérait l’innocence et l’in-