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DE Cil A M FORT. 4 2 3

pleurs. Il monte à son tour, et paraît aux yeux du peuple qui fond en larmes. Conradin rassemble ses esprits; et agissant encore en roi, sur un rcliafïar.d dressé dans ses états, il jette son gant, nonnne son oncle, Pierre d’Aragon, héritier du trône, s’écrie : « O ma mère! que ma mort va vous causer de chagrin ! » et meurt.

Pourquoi l’histoire, qui s’est chargée de tant de noms odieux, n’a-t-c!le pas consacré celui du généreux chevalier qui osa ramasser le gant du prince, et porter en Espagne ce précieux gage, dont Pierre d’Aragon sut profiter dans la suite ?

Le comte d’Anjou se voyait, après tant de meurtres et d’assassinats, paisible possesseur d’un royaume qu’il avait acquis par le fer et par le feu, mais qu’il ne sut pas gouverner. Les gibets, les bourreaux, les exactions en tout genre, effra} aient les peuples; et la Sicile vit renaître les règnes dé- sastreux de Guillaume i’" et de Henri vi, les Né- ron de l’Italie moderne.

Au milieu de ces sanglantes exécutions, Cliar- les demandait à son père la permission d’envahir les états de l’empereur : et tandis que la cour de Rome la lui refusait, elle entrait elle-même dans la conspiration qui devait ravir à Charles la plus belle partie de ses possessions. Jean de Procida, seisneur d’une île de ce nom, aux environs de Naples, banni pour son attachement à la maison de Souabe, avait fait adopter son ressentiment et sa vengeance à presque tous les souverains. Après