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liation comme d’un avantage, et dont le génie supérieur forçait les autres à lui tenir compte de ce qu’il faisait pour lui-même. En effet, Mainfroy, qui voyait avec plaisir l’indignation publique se charger du soin de le venger, affectait de répondre aux injustices nouvelles par des services nou- veaux.

Tout va bientôt changer de face. Conrad meurt, ne laissant qu’un fils en bas âge, nommé Con- radin. Mainfroy fut accusé d’avoir empoisonné son frère, crime dont l’histoire n’offre aucune preuve, non plus que de l’empoisonnement de Frédéric, son père, dont il eut la douleur de se voir charger. Dans l’absence des preuves, si l’on songe que le pape, ennemi mortel de la maison de Souabe, fut également accusé de ces deux crimes, croira-ton Mainfroy coupable du premier, en voyant Frédéric justifier son fils, et, dans son lit de mort, joindre à ses derniers bienfaits le regret profond de ne pouvoir lui laisser un trône? Qui le croira coupable du second, quand ce même pape, à l’instant de la mort de Conrad, s’avance en armes sur le territoire de Naples ? quand le royaume entier regarde Mainfroy, dans ce mo- ment de crise, comme l’espoir de la nation, et l’appelle à la régence qu’il refuse ? L’heure n’était pas venue ; il voulait un empire, et n’attendait que l’instant d’avouer son ambition. Il fait décla- rer régent du royaume un Allemand ( le marquis d’Honnebruch ), absolument incapable de gou-