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Mais Frédéric, habile à prévoir les desseins du pontife qui venait de l’absoudre, avait nommé, par son testament, gouverneur de l’Italie en l’absence de Conrad, Mainfroy, son fils naturel, à qui il avait donné la principauté de Tarente.

Dans ces siècles de barbarie, on se plaît à voir paraître un homme ambitieux sans crime, dissi- mulé sans bassesse, supérieur sans orgueil, qui conçoit un grand dessein, trace de loin son plan, se crée lui-même des obstacles qui retardent, mais assurent sa marche, amène ainsi tout ce qui l’en- toure à son but, et comme contraint se fait entraî- ner où il aspire : tel est Mainfroy. Caractère déve- loppé par les faits mêmes, par les circonstances difficiles qui le formèrent sans doute. Chargé du gouvernement pendant l’absence de Conrad, il prévoyait, sans s’effrayer, la future jalousie de son frère et de son maître ; mais se préoarant à souffrir des injustices qui pouvaient reconduire, il s’en frayait le chemin par des exploits, par des vertus, qui lui conciliaient l’estime des grands et l’amour du peuple.

Conrad arrive ; il trouve, grâce à la valeur et aux soins de son frère, un royaume tranquille : pour récompense, envieux et persécuteur, il dépouille Mainfroy de ses seigneuries, etchassedii royaume les parens et les alliés maternels de ce rival cru dangereux.

Politique odieuse et maladroite, utile aux des- seins d’un homme qui savait profiter d’une humi-