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cile, l’éimit enfin toutes ses forces poui- livrer un assaut général. On dit que, prêt à donner le si- gnal de toutes les attaques, qui devaient être sui- vies du pillage, immobile et rêveur à l’aspect de cette ville célèbre et mallieureuse, séjour autre- fois de tant de grands bommes en tous genres, nés ou illustrés dans son sein, au souvenir de tant d’événemens qui signalèrent sa puissance, Mar- cellus ne put commander à son émotion, ni même retenir ses larmes. Syracuse fut presqu’entière- ment détruite, mais elle se releva par degrés de sa ruine, et resta toujours l’ornement de la Sicile, devenue province des Romains.

Naples, une des plus anciennes républiques de l’Italie, mais peu guerrière au milieu de tant de voisins belliqueux, s’était volontairement sou- mise à la puissance romaine, seul moyen de s’en faire un appui. Cette ville conserva ses privilèges et ses lois municipales, sous les protecteurs qu’elle s’était choisis; et par un bonheur surprenant, les guerres qui désolèrent l’Italie dans les diffé- rentes époques de Pyrrhus, d’Annibal, de Sparta- cus et de la guerre sociale, n’attirèrent sur elle que la moindre partie des calamités qui acca- blèrent plusieurs des villes attachées aux Romains. Naples et la Sicile gouvernées, l’une par ses lois particulières, l’autre par des préteurs ou des pro- consuls, demeurent pendant plusieurs siècles presque oubliées des historiens romains, qui ne citent Naples que comme un séjour de délices et