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Il faut se reporter au moment où, la terreur ayant saisi tous les suppôts du despotisme après la prise de la Bastille, les d’Artois, les Condc, les Broglie précipitèrent leur fuite hors du royaume. Besenval non moins coupable qu’eux, Besen- val complice dans leurs projets conçus dans les soupers de Trianon et mûris dans les orgies du Temple, n’avait pas le droit de se croire en sûreté à Versailles. Cependant il avait eu l’audace d’y reparaître publiquement pendant plusieurs jours, et d’y braver l’indignation publique. Enfin, aver- ti de ses propres périls, il avait daigné fuir comme les autres et s’était vu arrêté à Yillenauce, sur le chemin de la Suisse, par la milice de la municipalité. C’était l’instant où M. Necker y pas- sait à son retour en France, rappelle par ce même roi qui venait de le bannir de sa cour et de son royaume, et qui depuis avait attendu dans une inquiétude mortelle l’arrivée de ce ministre, par lequel il s’était cru avili et en quelque sorte dé- trôné, ce fameux jour de la séance royale, où le peuple courut en foule chez le ministre, qui n’ayant point paru à cette séance, semblait l’avoir désavouée. On a su depuis qu’un pur hasard avait empêché M. Neclœr dé s’y montrer; et ce n’est pas la moindre singularité de son his- toire, qui, de ce jour surtout, semble apparte- nir au roman. En effet ne tient-elle pas de la fic- tion, cette entrevue de madame de Polignac et de M. Necker à Baie, où tous les deux se rencontrent,