Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/386

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CriAMF.HT. Sy.

gnée après le veto suspaiisif, qui IViit abandonnée si le roi n’eût été en possession de ce beau privi- lège, devenu bientôt après la cause de sa ruine. Tel autre vient de quitter ia France à la destruc- tion de la royauté, qui, passant condaninalion sur la royauté liéréditaire, fut demeuré Français si on eût établi la royauté élective. Les préjugés, l’habitude, Tirrédexion eîitraînèrent ceux que l’intérêt personnel n’avait pu dominer. Sous cet as])ect, purement moral et philosophique, la ré- volution a fourni des faits qui, dans l’espace de peu de mois, ont plus avancé un observateur dans la connaissance de l’homme, que ne l’eussent pu faire vingt aimées dans la société, à toute autre époque. Que dire en voyant la Fayette, après la nuit du 6 oct(;L>re, se vouer à r.îarie-x\ntoinette, et cette même Marie- Antoinette, arrêtée à Va- rennes avec son époux, ramenée dans la capitale, et faisant aux Tuileries la partie de whist du jeune Bai’nave? Tous ces faits ont étonné les contempo- rains : mais combien eussent-ils été plus surpris, s’ils eussent su que la Fayette, complice de la fuite du roi, avait placé lui-même dans la voiture et sur les genoux de la reine le jeune prince royal, qu’en ce moment il appelait M. le Dauphin! Tous ces faits, plusieurs autres non moins étranges et encore presque ignorés, confirmeront, en se dé- couvrant, une vérité déjà sentie des Français, c’est que la liberté ne date vraiment pour eux que du jour où la royauté fut abolie.