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qui lui sont propres, ce glorieux événement. Les théâtres, les jeux publics, en retracent les prin- cipales circonstances. Les vainqueurs de la Bas- tille assistent à leur propre éloge prononcé dans le sénat de la nation, dans les temples de la capi- tale. La patrie adopte ceux qui ont échappé au feu des assiégés, les blessés, les veuves et les en- fans des morts. Ainsi l’enthousiasme se soutient et se perpétue. Les étrangers le partagent. Il s’étend au - delà des mers. Ce grand jour est .une fête pour l’Europe, ou plutôt pour le monde entier, dont toutes les contrées ont fourni à ce labyrinthe, à ces cachots, des victimes de tout rang, des deux sexes, de tous les âges (i). Le i4 juillet a vengé tous les peuples. Ils applaudis- sent à la destruction de cet odieux château, tandis qu’une de ses clefs envoyée dans un autre hémis- phère à l’un des auteurs de l’indépendance améri- caine, lui apprend que les Français n’ont pas inu- tilement servi sous ses yeux la cause de la liberté.

(i) La Bastille a renfermé, à la même époque, un enfant de six ans et un vieillard de cent onze. On y a vu même un Chinois, que les jésuites y avaient fait mettre en 1719.