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nos lecteurs, lorsqii’après ces premiers jours de fouifue et d’effervescence, la révolution, marchant d’un pas moins précipité, laissera, d’un tableau à l’autre, l’intervalle d’un temps plus considérable. C’est alors qu’il nous sera permis de sortir du cercle où nous sommes quelquefois contraints de nous tenir renfermés. La scène, resserrée jusqu’ici dans l’enceinte de Paris, n’aura de bornes que la France ; et nous ne serons plus réduits à n’of- frir à nos lecteurs que l’histoire d’un seul jour, ou même, comme aujourd’hui, d’un seul mo- ment.

Le tableau précédent nous a montré tous les habitans de Paris devenus guerriers; la plupart de ces guerriers étaient sans armes. Un arrêté du comité permanent avait (comme nous l’avons dit) ordonné la fabrication de cent mille piques ou hallebardes ; une heure après, toutes les forges de la capitale y étaient employées, et plusieurs éfflises étaient changées en ateliers de fonderies, où l’on coulait du plomb pour faire des balles de fusil. Au milieu de cette fureur générale qui avait fait chercher des armes par-tout où l’on en suppo- sait, aux Chartreux, aux Célestins, dans plusieurs autres maisons religieuses, quelques citoyens s’é- crièrent qu’il en existait un grand nombre au Garde-Meuble. Aussitôt on décide qu’il faut s’en emparer ; le groupe s’écrie : Ju Gan/e-Meuù/e! et ce cri seul accroît la foule qui s’augmente en- core en marchant. Quelques bruits, répandus dès