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rieurement la bénédiction, disant qu’ils étaient pressés de retourner à leur ouvrage qui consis- tait à réduire en cendres les débris de tous les meubles accumulés dans les cours de Saint-La- zare.
A trois heures, on tint conseil. Il fut décidé qu’il fallait conduire les blés à la halle. Il en fut chargé dix-sept voitures de huit sacs chacune, tant en blé qu’en seigle. Leur marche fut un triomphe hideux, assorti à leur affreuse victoire. Sur ces oitur<’s chargées de grains, ils avaient guindé des squelettes anatomiques, à côté des- quels ils avaient forcé de s’asseoir les malheureux prêtres de Saint-Lazare, qu’ils contraignaient à vider avec eux des brocs de vin, au milieu des cris d’une populace qui, voyantarriver des grains, applaudissait à leurs conducteurs. Ainsi ces mons- tres, bientôt punis, les uns dans l’instant et par eux-mêmes, les autres quelques jours après et par la justice, furent reçus comme des bien- faiteurs piblics. On saisit, pour voiturer ces blés, tous les chevaux des passans ; on détela ceux des carrosses bourgeois, des fiacres, des charrettes ; et luî air de fête, moitié burlesque, moitié féroce, se mêlait à ces odieuses violences.
Cependant la punition approchait, et la plu- part la portaient déjà dans leur sein ; ils s’étaient empoisonnés par des liqueurs qu’ils avaient stu- pidement bues dans la pharmacie de Saint-Lazare. Aux autres, l’excès du vin tint lieu de poison ;