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Dr. CHAivîFor.T. 261

haches, des marteaux, des maillets. Les maîtres <les maisons voisines, les liabitans du quartier sont saisis d’eroi, tremblant pour eux-mêmes, et ne sachant où peut s’arrêter ce désordre inoui.

Quelques-uns courent aux casernes des gardes- françaises, rue du faubourg Saint-Denis, pour implorer leurs secours. Les soldats répondent qu’ils ne peuvent se déplacer sans un ordre de leurs chefs, et que de ])lus ils ne se mêlaient point des objets de police.

Le hasard suspendit un moment ces atrocités. Un gros détachement des gardes-françaises passe devant Saint-Lazare, pour gagner le faubourgSaint- Denis; les brigands, saisis d’épouvante, le croient commandé contre eux ; ils prennent la fuite; et parcourant l’enclos, les uns escaladent les mu- railles pour se sauver, les autres plus timides se cachent dans les blés. On se croyait délivré de ces monstres ; mais, par malheur, un de leurs chefs, qui s’était trouvé à la porte du couvent, avait recueilli le refus qu’avaient fait ces nou- veaux ffardes-franraises d’entrer dans l’intérieur, disant, comme les autres, que la police ne les regardait pas. Transporté de joie, ce misérable rappelle sescomphces, fait des signaux, les rallie malgré leur frayeur, et leur apprend le refus des soldats, qui les remplit d’une féroce allégresse. Leur fureur redouble ; ils remontent à la biblio- thèque, à la salle des tableaux, au réfectoire, aux chambres particulières des religieux, brisent,