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2 5o ŒUVRES

dans tous les lieux où l’on croit en trouver ainsi que des canons. On délivre les prisonniers de l’hôtel de la Force, à l’exception des criminels; on arrête des voitures chargées d’effets, un ba- teau chargé de poudre, que l’on conduit à la ville; on établit des barricades, des tranchées dans les faubourgs ; enfin, on se dispose soit à soutenir un siège, soit à repousser l’attaque dont on était menacé.

Voilà ce que le peuple fit par lui-même et comme d’un mouvement subit et spontané, tan- dis que, dans les districts, on cherchait les moyens d’imprimer à ce mouvement une direction plus régulière et mieux ordonnée. On commença par envoyer des députations à l’hôtel-de-ville, où, depuis l’ouverture des états-généraux, les élec- teurs étaient dans l’usage de s’assembler; mesure prudente, à laquelle le ministère n’osa s’opposer, et qui devint le salut de la patrie. Là, dès six heures du matin, les électeurs, devenus magis- trats provisoires par la confiance du peuple et par la nécessité, proposent, délibèrent, exécutent. Ils établissent entre eux et les districts une cor- respondance active et continuelle. On cherche à donner à l’assemblée des électeurs une force légale. On mande le prévôt des marchands. Il arrive, et le peuple applaudit. Il offre de se démettre de sa place, et ne veut dit-il, la tenir que de la con- fiance de ses concitoyens: on refuse sa démission. Cependant le tumulte augmente, et l’assemblée