DE CHA.MFORT. 245
ils ne peuvent sentir l’utilité et dont les ques- tions les importunent. Arrivés chez eux, et trou- vant tout dans Tétat où ils l’ont laissé, ils in- terrogent à lein- tour, et sont conduits d’étonne- ment en étonnement par les récits qu’ils écoutent avec avidité, qu’ils entendent à peine, et dont le résultat ne se représente à leur mémoire le lendcr main que comme un tissu de rêves incohérens.
Tout ce mouvement dure une partie de la nuit, pendant laquelle les brigands parurent maîtres de la ville. Plusieurs habitans, n’osant rentrer chez eux, demandaient l’hospitalité aux amis chez h’squels ils se trouvaient. D’autres qui se hasar- daient à regagner leur logement, virent briller plusieurs fois la lumière des fusils dont ils enten- daient le coup, et ne savaient dans l’obscurité s’il était dirigé contre eux. Les aventures parti- culières, les cas fortuits, les spectacles inat- tendus, tous les incidens bizarres de cette nuit unique, à peine racontés le lendemain et oubliés pendant la semaine au milieu de tant d’agita- tions et d’événemens successifs, ont fourni depuis, en des temps plus calmes, une matière inépui- sable aux conversations des citoyens.
Cependant, au milieu de ce chaos, les princi- paux habitans, les hommes honnêtes, et tous ceux qui avaient quelque chose à perdre, s’em- pressèrent d’arrêter, autant qu’il était possible, ce brigandage et cette dévastation. Les ouvriers des ports, les forts de la halle, accoururent ar*