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dès long-temps odieux par une férocité grossière, excusée en partie sous l’apparence d’un zèle ar- dent pour la discipline. Cet homme avait paru digne d’être un des principaux instrumens des projets ministériels. Nous venons de voir à quels excès il s’était porté contre le peuple, mot qui, pour lui et pour ses pareils, équivalait à celui de populace. Cette violence imprudente et pré- maturée, si heureuse par les désastres qu’elle pré- vint, produisit, dans cette même journée, des événemens utiles à la révolution. Cet assemblage de circonstances préparées pour elle comme par une providence bienfaisante, cette fatalité qui fit tourner à la ruine des oppresseurs toutes les mesures concertées pour le succès de leurs en- treprises, tandis qu’au contraire les malheurs ap- parens et passagers du peuple, ses fautes même et celles de ses conducteurs, servirent au succès de sa cause; c’est le phénomène qui se reproduit le plus fréquemment dans l’histoire de la révolu- tion : voilà ce qui la distingue de toutes les révo- lutions connues, soit qu’en effet ce caractère lui appartienne exclusivement, soit que les historiens qui, dans les siècles passés, nous ont transmis le récit de ces grands bouleversemens politiques aient négligé de recueillir et de rendre saillantes les circonstances par lesquelles ce même caractère se serait plus ou moins manifesté.
Revenons aux effets qui résultèrent immédiate- ment de l’absurde conduite de M. de Lambesc. II. i5