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autres, il avait répondu à l’un d’eux: « Ce que vous me demandez forme la contribution de plusieurs villages. )•> Ce mot, répandu parmi le peuple, était devenu presque aussi célèbre que la poule au pot, promise en quelque sorte aux paysans par Henri iv, et qui ne leur a été donnée ni par lui ni par ses successeurs. Ce mot avait concilié au mi- nistre une popularité qui semblait indestructible. Son retour au ministère l’avait encore accrue, et son exil inattendu paraissait le signal des projets hostiles médités contre Paris. Il devenait, en quel- cpie sorte, une déclaration de guerre aux habitans de la capitale.

Le second motif de l’insurrection, moins aperçu de la multitude, mais non moins impé- rieux, était le besoin presque généralement senti de mettre Paris sous la protection d’une force pu- blique, capable de diriger l’indiscrète énergie du peuple, qui, par l’impétueuse irrégularité de ses mouvemens, pouvoit compromettre le salut de la ville et même de l’empire.

Les électeurs ne tenaient d’assemblées ordi- naires qu’une fois la semaine. Déjà leurs séances, qu’ils avaient rendues publiques, les avaient montrés capables de prendre des mesures de vi- gueur dans les événemens décisifs que chacun pré- voyait. Nicolas Bonneville avait fait le premier la motion d’armer les citoyens, et de former ce qu’on appelait alors une rde bourgeoise. Cette idée, qui avait d’abord effrayé les esprits, incertains