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dignation qu’elle excitait, réprimèrent néanmoins les premiers mouvemens de leur fureur. Ils se rassuraient en songeant qu’ils avaient à leurs odres une armée prête à punir les rebelles. Ils dictèrent au roi une réponse mesurée, qui calma le peuple sans dissiper ses inquiétudes. Pendant ce temps, les maîtres de la force armée environnaient de troupes et de canons l’assemblée nationale ; et, tandis qu’elle s’occupait à rédiger les droits de l’homme et du citoyen, elle était menacée d’une prochaine destruction.

Déjà Paris, qui votait pour la liberté, était menacé des plus grandes violences. Déjà se développait un plan d’attaque dont le succès paraissait infaillible. Les vives clameurs de la capitale éveillent enfin les alarmes des représentans, et l’éloquence de Mirabeau les décide à demander au roi la retraite des troupes. Dans la soirée du lo juillet, une députation de vingt-quatre membres, présidée par l’archevêque de Vienne, est reçue dans ce même palais qui recelait les conspirateurs ; elle présente au roi une adresse pleine d’énergie et de raison, pour le décider à éloigner sans délai les régimens nombreux, les trains d’artillerie, et tous les apprêts d’incendie et de meurtre qu’on étalait d’une manière si terrible aux yeux des Français.

Dans cette adresse, où l’on avait épuisé toutes les armes de l’éloquence, on avait prédit les suites que devait avoir l’appareil formidable qui mena-