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troupes nombreuses qu’on allait y amener, et il importait au ministère de rendre le peuple et le soldat irréconciliables.

La providence, qui, depuis le premier moment du nouvel ordie de choses, a toujours déconcerté les mesures de nos anciens tyrans, fit tourner contre eux cet exécrable projet. Les troupes, indi- gnées de la mauvaise foi de leurs chefs, frémirent de l’odieux emploi auquel on réservait leur cou- rage. Elles se souvinrent qu’elles étaient fran- çaises et citoyennes, et les soldats du roi devinrent les soldats de la patrie. On en remplit cependant tous les environs de la capitale. Quoique la réu- nion des trois ordres fût consommée à l’assemblée nationale, et que les ministres ne parlassent que de concorde entre le roi et les représentans, trente-cinq mille hommes de troupes de ligne étaient répartis entre Paris et Versailles ;. vingt mille autres étaient attendus; des trains d’artille- rie les suivaient avec des frais énormes. Les camps sont tracés, les empiacemens des batteries sont formés ; on s’assure des communications, on in- tercepte les passages; les chemins, les ponts, les promenades sont métamorphosés en postes mili- taires. Le maréchal de Broglie dirigeait tous ces mouvemens,

La capitale, émue d’une indignation profonde à la vue d’un appareil de guerre si audacieux, cherche des amis et des alliés dans les soldats français qui arrivaient de toutes parts, (zi leur fit