Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

î-jC) OEUVRES

pourtant ce qu’on vit alors. On vit même pln- siem’s des soldats exécuteurs de cet ordre barbare, dire tout bas à quelques rcprésentans du peuple : « Courage, braves députés ! » Le courage rem- plissait toutes les âmes, il brillait dans tous les yeux. Les uns voulaient que l’assemblée se tint sur la place même, au milieu d’un peuple innom- brable ; d’autres proposaient d’aller tenir la séance sur la terrasse de Marly, et d’éclairer le prince, qu’on emprisonnait pour l’aveugler. Au milieu de ces cris et de ce tumulte, le président avait cherché un local où l’on pût délibérer avec ordre et sagesse. Un jeu de paume est indiqué. La circonstance reiidait auguste tout lieu qui pou- vait servir d’asile à l’assemblée nationale. On s’in- vite mutuellement à s’y rendre. L’ordre est donné, tous y acc;ourent. Un des députés ( i ), malade, et qu’on instruisait d’heure en heure des mouvemens de l’assemblée, s’élance de son lit, s’y fait porter ; il assiste à l’appel que suivait le serment national ; il demande* que, ])ar indulgence pour son état, l’ordre de l’appel soit interverti, et qu’on lui per- mette d’eue un des premiers à prononcer ce ser- ment : sa demande est agréée ; il le prononce à voix haute : « Grâce au ciel, dit-il en se retirant, « si je meurs, mon dernier serment sera pour ma « patrie ! »

(i) M. Goiipilleau, député de la Vendée, dont le pati-iotisme ne s’est pas dénieuti un seul moment.