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Richelieu, né dans leur classe, dont il avait con- servé tous les préjugés, crut, en leur accor(iant des préférences de toute espèce, ne leur donner qu’un faible dédommagement des immenses avan- tages qu’avaient perdus les principaux membres de cette classe privilégiée. Ils environnèrent le trône, ils en bloquèrent toutes les a enues. Maîtres de la personne du monarque et du ber- ceau de ses enfans, ils ne laissèrent entrer, dans l’esprit des rois et dans l’éducation des princes, que des idées féodales et sacerdotales : c’était presque la même chose sous le rapport des pri- vilèges communs aux nobles et aux prêtres. Tous les honneurs, toutes les places, tous les emplois qui exercent quelque influence sur les mœurs et sur l’esprit général d’un peuple, ne furent confiés qu’à des hommes plus ou moins imbus d’idées nobiliaires. Il se trouva que Richelieu a ait bien détruit l’aristocratie comme puissance rivale de la royauté, mais qu’il l’avait laissée subsister comme puissance ennemie de la nation. Cet esprit de gentilhommerie, devant lequel les idées d’homme et de citoyen ont si long-temps disparu en Eu- rope, cet esprit destiucteur de toute société et (quoiqu’on puisse dire), de toute morale, reçut alors un nouvel accroissement, et pénétra plus avant dans toutes les classes. C’était une source empoisonnée que Richelieu venait de partager en différens ruisseaux. Ayssi observe-t-on, à cette époque, un redoublement marqué dans la fureur