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connaissance , et ce fut celle qu'il fit éclater envers le malheureux Fouquet. J'admirerai sans doute , il le faut bien , un chef-d'œuvre de poésie et de sen- ti nient dans sa touchante élégie sur cette fameuse disgrâce. Mais , si je le vois , deux ans après la chute de son bienfaiteur, pleurer à l'aspect du cliàteau où M. Fouquet avait été détenu; s'il s'ar- rête involontairement autour de cette fatale prison dont il ne s'arrache qu'avec peine ; si je trouve l'expression de cette sensibilité, non dans un écrit public , monument d'une reconnaissance souvent fastueuse , mais dans l'épanchement d'un com- merce secret, je partagerai sa douleur : j'aimerai l'écrivain que j'admire. O La Fontaine ! essuie tes larmes, écris cette fable charmante des Z>ewx^:/mw; et je sais où tu trouves l'éloquence du cœur et le sublime de sentiment : je reconnais le maître de cette vertu qu'il nomme , pai' une expression nou- A^elle , le don d\hre ami. Qui l'avait mieux reçu de la nature ce don si rare ? Qui a mieux éprouvé les illusions du sentiment? Avec (juel intérêt, avec quelle bonne foi naïve , associant dans un même lecueil plusieurs de ses immortels écrits à la tra- duction de quelques harangues anciennes, ouvrage de son ami Maucroix , ne seli\r('-l-il pas à l'espé- rance d'une commune immortalité ? Que mettre au-dessus de son dévouement à ses amis, si ce n'est la noble conliance qu'il avait luiiuéme en eux } () vous î messieurs , vous (jui sa\(/. si bien , piiis- rpie vous chérissez sa mémoire, sentir el apprécier

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