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de l'Aurore dans un de ses poèmes, où il repré- sente cette jeune déesse , qui, se balançant dans les airs ,

La tète sur son bras , et son bras sur la iiuc , Laisse tomber des fleurs, et ne les répand pas.

Cette description charmante est à la fois une ré- ponse à ses censeurs , et l'image de sa poésie.

Ainsi se formèrent par degrés les divers talens de La Fontaine, qui tousse réunirent enfin dans ses fables. Mais elles ne purent être que le fruit de sa maturité : c'est qu'il faut du temps à de cer- tains esprits pour connaître les qualités diffé- rentes dont l'assemblage forme leur vrai carac- tère , les combiner , les assortir, fortifier ces tiaits primitifs par l'imitation des écrivains qui ont a\ec eux quelque ressemJDlance , et pour se montrer enfin tout entier dans un genre propre à dé- ployer la variété de leurs talens. Jusqu'alors l'au- teur , ne faisant pas usage de tous ses moyens , ne se présente point avec tous ses avantages. C'est un athlète doué d'une force réelle, mais qui n'a point encore appris à se placer dans une attitude qui puisse la développer toute entière. D'ailleurs, les ouvrages qui, tels que les fables de La Fontaine, demandent ime grande connaissance du cœur humain et du système de la société , exigent un esprit mijri par l'étude et par l'expérience; mais aussi , devenus une som-ce féconde de réflexions , ils rappellent sans cesse le lecteur , au(piel ils of-

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