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pour tous les états , pour tous les âges , et qui put remplacer enfin , dans l’éducation de la jeunesse ,

Les quatrains de Pibrac et les doctes sentences
Du conseiller Mathieu ;

MOLIERE.

car c’étaient là les livres de l’éducation ordinaire. La Fontaine cherche ou rencontre le genre de la fable que Quintilien regardait comme consacré à l’instruction de l’ignorance. Notre fabuliste, si profond aux veux éclairés , semble avoir adopté l’idée de Quintilien : écartant tout appareil d’instruction, toute notion trop compliquée, il prend sa philosophie dans les sentimens universels, dans les idées généralement reçues, et pour ainsi dire, dans la morale des proverbes qui , après tout , sont le produit de l’expérience de tous les siècles. C’était le seul moyen d’être à jamais l’homme de toutes les nations ; car la morale , si simple en elle- même, devient contentieuse au point de former des sectes, lorsqu’elle veut rem.onter aux principes d’où dérivent ses maximes, principes presque toujours contestés. Mais La Fontaine, en partant des notions communes et des sentimens nés avec nous, ne voit point dans l’apologue un simple récit qui mène à une froide moralité; il fliit de son livre

Une ample comédie à cent acteurs divers.

C’est en effet comme de vrais personnages cira-