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contre la liberté. Il paraît certain qu’appelés à choisir entre les gentilshommes et les hommes, les princes ont pris parti contre les hommes. C’est donc la cause de tous ceux qui ne s’honorent ou ne daignent s’honorer que de ce dernier nom. Cette guerre est la discussion du plus grand procès qui ait jamais intéressé l’humanité ; c’est le combat de la raison contre tous les préjugés, de toutes les passions généreuses contre les passions basses, de l’enthousiasme pour la liberté contre le fanatisme servile de l’orgueil et de la superstition. Du sort de cette guerre, dépend le progrès rapide ou la marche rétrograde de la civilisation. Les annales d’aucun peuple connu n’ont ouvert une pareille perspective. Français, votre nom est tracé aux premières pages de cette histoire du genre humain qui se renouvelle : c’est à vous de soutenir et d’étendre cette gloire. Placés presque au milieu de l’Europe, c’est chez vous que s’est élevé ce fanal, connue pour répandre sa lumière dans une plus grande circonférence. Vous combattrez, vous mourrez plutôt que de le laisser éteindre. Le serment que vous avez fait à votre constitution, assure le bonheur de la postérité, non chez vous seulement, mais dans les pays même d’où les despotes enlèvent maintenant les esclaves aveugles et armés qu’ils soudoient pour vous combattre.

On pourrait ajouter que ces soldats sont soudoyés aussi pour tuer les bourgeois et paysans