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y fait sa profession de foi, et présente ses anciens dogmes dans toute leur simplicité primitive, sans restriction, sans modification, comme il l’eût fait il y a trente ans ; le nom de Dieu consacrant tous les abus des gouvernemens gothiques ; la perpétuité, l’éternité des institutions les plus absurdes, érigées en principes immortels, sous le nom de respect dû aux lois fondamentales ; la nullité des droits des hommes qui ont renoncé tacitement à ces droits pour vivre en société, sous le despotisme qui s’en est emparé authentiquement, et qui ne renonce à rien : ce sont-là les idées qu’on présente comme des principes incontestables aux Brabançons et à l’Europe, vers la fin du dix-huitième siècle.

Il est probable que, si Léopold eût vécu, la proclamation eût été conçue d’une manière plus appropriée aux circonstances. Il eût pu, dans sa qualité de despote, dire beaucoup de mal de la liberté, en faisant une peinture exagérée des désordres momentanés qu’elle entraîne, dans un pays qui passe violemment d’un régime à un régime contraire. Il eût pu appeler la nation légalement représentée, et l’immense majorité des Français, une poignée de factieux, même de jacobins ; la noblesse française, les différentes espèces d’aristocraties, qu’il appelait la partie saine et principale de la nation, il pouvait les rehausser encore, et, par une promotion nouvelle, les qualifier de classes les plus révérées, comme fait la pro-