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pris et l’horreur, exigent qu’on les respecte et qu’on les révère !

— La nécessité d’être gentilhomme pour être capitaine de vaisseau, est tout aussi raisonnable que celle d’être secrétaire du roi pour être matelot ou mousse.

— Cette impossibilité d’arriver aux grandes places, à moins que d’être gentilhomme, est une des absurdités les plus funestes dans presque tous les pays. Il me semble voir des ânes défendre les carrousels et les tournois aux chevaux.

— La nature, pour faire un homme vertueux ou un homme de génie, ne va pas consulter Cherin.

— Qu’importe qu’il y ait sur le trône un Tibère ou un Titus, s’il a des Séjan pour ministres ?

— Si un historien, tel que Tacite, eût écrit l’histoire de nos meilleurs rois, en faisant un relevé exact de tous les actes tyranniques, de tous les abus d’autorité, dont la plupart sont ensevelis dans l’obscurité la plus profonde, il y a peu de règnes qui ne nous inspirassent la même horreur que celui de Tibère.

— On peut dire qu’il n’y eut plus de gouvernement civil à Rome après la mort de Tiberius Gracchus ; et Scipion Nasica, en partant du sénat pour employer la violence contre le tribun, apprit aux Romains que la force seule donnerait des lois dans le forum. Ce fut lui qui avait révélé, avant Sylla, ce mystère funeste.