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— En amour, tout est vrai, tout est faux ; et c’est la seule chose sur laquelle on ne puisse pas dire une absurdité.

— Un homme amoureux, qui plaint l’homme raisonnable, me paraît ressembler à un homme qui lit des contes de fées, et qui raille ceux qui lisent l’histoire.

— L’amour est un commerce orageux, qui finit toujours par une banqueroute : et c’est la personne à qui on fait banqueroute qui est déshonorée.

— Une des meilleures raisons qu’on puisse avoir de ne se marier jamais ; c’est qu’on n’est pas tout-à-fait la dupe d’une femme, tant qu’elle n’est point la vôtre.

— Avez-vous jamais connu une femme qui, voyant un de ses amis assidu auprès d’une autre femme, ait supposé que cette autre femme lui fût cruelle ? On voit par-là l’opinion qu’elles ont les unes des autres. Tirez vos conclusions.

— Quelque mal qu’un homme puisse penser des femmes, il n’y a pas de femme qui n’en pense encore plus mal que lui.

— Quelques hommes avaient ce qu’il faut pour s’élever au-dessus des misérables considérations qui rabaissent les hommes au-dessous de leur mérite ; mais le mariage, les liaisons de femmes, les ont mis au niveau de ceux qui n’approchaient pas d’eux. Le mariage, la galanterie sont une sorte de conducteur qui fait arriver ces petites passions jusqu’à eux.