— L’honnête homme, détrompé de toutes les illusions, est l’homme par excellence. Pour peu qu’il ait d’esprit, sa société est très-aimable. Il ne saurait être pédant, ne mettant d’importance à rien. Il est indulgent, parce qu’il se souvient qu’il a eu des illusions, comme ceux qui en sont encore occupés. C’est un effet de son insouciance d’être sûr dans le commerce, de ne se permettre ni redites ni tracasseries. Si on se les permet à son égard, il les oublie ou les dédaigne. Il doit être plus gai qu’un autre, parce qu’il est constamment en état d’épigramme contre son prochain. Il est dans le vrai, et rit des faux pas de ceux qui marchent à tâtons dans le faux. C’est un homme qui, d’un endroit éclairé, voit dans une chambre obscure les gestes ridicules de ceux qui s’y promènent au hasard. Il brise en riant les faux poids et les fausses mesures qu’on applique aux hommes et aux choses.
— On s’effraie des partis violens ; mais ils conviennent aux âmes fortes, et les caractères vigoureux se reposent dans l’extrême.
— La vie contemplative est souvent misérable. Il faut agir davantage, penser moins, et ne pas se regarder vivre.
— L’homme peut aspirer à la vertu, il ne peut raisonnablement prétendre de trouver la vérité.
— Le jansénisme des chrétiens, c’est le stoïcisme des payens, dégradé de figure et mis à la portée d’une populace chrétienne ; et cette secte a eu des Pascal et des Arnaud pour défenseurs !