plusieurs vertus ? J’ai vu madame de L…., après une jeunesse peu différente de celle de Manon Lescaut, avoir, dans l’âge mûr, une passion digne d’Héloïse. Mais ces exemples sont d’une morale dangereuse à établir dans les livres. Il faut seulement les observer, afin de n’être pas dupe de la charlatanerie des moralistes.
— On a, dans le monde, ôté des mauvaises mœurs tout ce qui choque le bon goût : c’est une réforme qui date des dix dernières années.
— L’âme, lorsqu’elle est malade, fait précisément comme le corps : elle se tourmente et s’agite en tout sens, mais finit par trouver un peu de calme ; elle s’arrête enfin sur le genre de sentimens et d’idées le plus nécessaire à son repos.
— Il y a des hommes à qui les illusions sur les choses qui les intéressent, sont aussi nécessaires que la vie. Quelquefois cependant ils ont des aperçus qui feraient croire qu’ils sont près de la vérité ; mais ils s’en éloignent bien vite, et ressemblent aux enfans qui courent après un masque, et qui s’enfuient si le masque vient à se retourner.
— Le sentiment qu’on a, pour la plupart des bienfaiteurs, ressemble à la reconnaissance qu’on a pour les arracheurs de dents. On se dit qu’ils vous ont fait du bien, qu’ils vous ont délivré d’un mal : mais on se rappelle la douleur qu’ils ont causée, et on ne les aime guère avec tendresse.
— Un bienfaiteur délicat doit songer qu’il y a,