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rable. Les places avec leurs prérogatives, leurs droits, etc., forment ces divers compartimens, ces différentes niches. Elles sont durables, et les hommes passent. Ceux qui les occupent, sont tantôt grands, tantôt petits ; et aucun ou presque aucun n’est fait pour sa place. Là, c’est un géant courbé ou accroupi dans sa niche ; là, c’est un nain sous une arcade : rarement la niche est faite pour la statue. Autour de l’édifice, circule une foule d’hommes de différentes tailles. Ils attendent tous qu’il y ait une niche de vide, afin de s’y placer, quelle qu’elle soit. Chacun fait valoir ses droits, c’est-à-dire, sa naissance ou ses protections, pour y être admis. On sifflerait celui qui, pour avoir la préférence, ferait valoir la proportion qui existe entre la niche et l’homme, entre l’instrument et l’étui. Les concurrens même s’abstiennent d’objecter à leurs adversaires cette disproportion.

— On ne peut vivre, dans la société, après l’âge des passions. Elle n’est tolérable que dans l’époque où l’on se sert de son estomac pour s’amuser, et de sa personne pour tuer le temps.

— Les gens de robe, les magistrats, connaissent la cour, les intérêts du moment, à peu près comme les écoliers qui ont obtenu un exeat, et qui ont dîné hors du collège, connaissent le monde.

— Ce qui se dit dans les cercles, dans les salons, dans les soupes, dans les assemblées publi-