La vie retirée des femmes privait le théâtre d’une autre source de comique. Partout elles sont le ressort de la comédie. Sont-elles enfermées, il faut parvenir jusqu’à elles ; et voilà le comique d’intrigue : sont-elles libres, leur caractère, devenu plus actif, développe le nôtre ; et voilà le comique de caractère. Du commerce des deux sexes naît cette foule de situations piquantes où les placent mutuellement l’amour, la jalousie, le dépit, les ruptures, les réconciliations, enfin l’intérêt mêlé de défiance que les deux sexes prennent involontairement l’un à l’autre. Ne serait-il pas possible, d’ailleurs, que les femmes eussent des ridicules particuliers, et que le théâtre trouvât sa plus grande richesse dans la peinture des travers aimables dont la nature les a favorisées ? Celui que Molière attaqua dans les Précieuses fut anéanti ; mais l’ouvrage survécut à l’ennemi qu’il combattait. Plût à Dieu que la comédie du Tartuffe eût eu le même honneur ! C’est une gloire que Molière eut encore dans les Femmes savantes. C’est qu’il ne s’est pas contenté de peindre les travers passagers de la société : il a peint l’homme de tous les temps ; et s’il n’a pas négligé les mœurs locales, c’est une draperie légère qu’il jette hardiment sur le nu, et qui laisse sentir la justesse des proportions et la netteté des contours.
Le prodigieux succès des Précieuses, en apprenant à Molière le secret de ses forces, lui montra l’usage qu’il en devait faire. Il conçut