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canevas où , dans ces derniers temps , quek[ues hommes célèbres, quelques littérateurs distingués ont semés de fleurs éclosesnon de leur sujet, mais de leur talent. D'autres , usant de la ressource de Simonide, et se jettant à côté, y ont joint quelques dissertations de philosophie ou de littérature, qui seraient ailleurs mieux placées. Sans doute, quel- que main amie des lettres, séparant et rassemblant ces morceaux , prendra soin de les soustraire à l'oubli dans lequel le recueil académique va s'en- fonrant de tout le poids de son immortalité.
Nous avons vu des étrangers illustres , confon- dant, ainsi que tant de Français, les ouvrages des académiciens célèbres et les travaux de la corpo- ration appelée académie française ^ se procurer avec empressement le recueil académique , seule propriété véritable de ce corps , outre son dic- tionnaire ; et , après avoir parcouru ce volu- mineux verbiage, cédant à la colère qui suit l'espérance trompée, rejeter avec mépris cette insipide collection.
Ici se présente , messieurs, une objection dont on croira vous embarrasser. On vous dira que ces hommes célèbres ont déclaré , dans leur discours de réception , qu'ils ont désiré vivement l'acadé- mie , et que ce prix glorieux était en secret l'âme de leurs travaux. Il est vrai qu'ils le disent pres- que tous : et comment s'en dispenseraient-ils , puisque Corneille et Racine l'^nt dit ? Corneille ^ qui ne connut d'abord l'académie que par Isi
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